Biographie Désiré Bonnaffoux
Biographie Désiré Bonnaffoux
Il voua sa vie à l’exploitation du sel avec passion et par un engagement sans faille en faveur des ouvriers, mais aussi pour le peuple cap- verdien et l’évolution du Cap-Vert. Ambassadeur de Cœur de ce joyau d’Archipel basé à la pointe du Sénégal, au cœur de l’Océan Atlantique, ancienne colonie portugaise, il portera ses recherches dans les hautes sphères dans le monde entier, afin de faire connaître cette culture enchanteresse par ses musiques, son histoire, son architecture, sa culture, sa langue, ses talentueux artistes, érudits, auteurs, poètes, musiciens…., son économie, ses activités porteuses…
Chercheur et auteur émérite, il a offert et mis à disposition ses recherches gracieusement aux universités, bibliothèques, gouvernements, auteurs et chercheurs, contribuant activement à la connaissance et à la reconnaissance du Cap-Vert et du peuple cap-verdien.
Son père, Jules David Bonnaffoux naquit aux Salettes, commune de Saint- Sauveur, dans les Hautes-Alpes, en France, le 26 juin 1876 et décéda à Santa Maria, Île de Sal, Cap-Vert, le 29 juillet 1968. Il épousa, le 26 octobre 1907, Maria de Conceição Tavares de Almeida (1885-1970), fille du Lieutenant- colonel portugais Francisco Tavares de Almeida, administrateur de plusieurs des îles en différentes périodes. Un an après naissait leur premier enfant, Désiré Paul.
Il habite à Santo Antão les deux premières années de sa vie, où son père est chargé d’une culture d’agaves. Illustre et renommé citoyen français (décoré de la Légion d’Honneur), établi au Cap-Vert depuis 1907, également Agent Consulaire, ce dernier se charge de l’éducation de son fils. En parallèle de cette éducation dispensée par son père, Désiré fréquente l’école primaire des villes de Praia et de Mindelo (Cap-Vert), lui permettant une intégration complète et réussie incluant la langue portugaise en plus de son usage courant du français. Son père continuera à lui enseigner jusqu’au cycle secondaire, lui apprenant également à lever les plans d’un terrain.
En 1923, la famille s’installe à Pedra de Lume. Jules David devient alors collaborateur de la Compagnie des Salins du Cap-Vert. Désiré passe par la suite un diplôme de technicien en Mécanique et Électricité à l’École Spéciale des Travaux Publics et de l’Industrie de Paris. Enfin, il est admis en 1957 comme Membre Titulaire à l’Union Française des Ingénieurs Professionnels et intègre les Salins du Cap-Vert tout d’abord comme collaborateur puis comme directeur.
Désiré Bonnaffoux prend la Direction des Salins du Cap-Vert, implantés à Pedra de Lume, à l’âge de 26 ans. Il occupera ce poste jusqu’à sa retraite en 1968. Sa carrière fut dédiée à faire fructifier la production du sel dans ce petit coin perdu de l’Océan, ayant toujours comme objectif d’apporter aux personnes sous sa responsabilité les moyens d’affronter les difficultés de la vie, de nourrir leur famille et de vivre dans la paix et l’harmonie.
Pendant les 34 ans qu’il a passé à diriger cette Compagnie, il réalisera différents travaux qui marquèrent les habitants de l’île, servirent d’exemple et de tremplin dans le pays et restent gravés dans les mémoires de la vie de cette époque :
• Construction d’un abri d’embarcations (port),
• Construction de chalands et d’un remorqueur (Pedra de Lume) pour le
remplacement de l’ancien remorqueur, démoli lors d’une forte tempête,
• Gestion des entrées des bateaux : arrivées et départs des marchandises et des
passagers,
• Étude et fabrication d’une machine à récolter le sel,
• Aménagement de tonneaux pour le transport de l’eau,
• Construction d’une centrale électrique,
• Mise en place d’un système de guidage pour faciliter l’approche des navires,
en collaboration avec le ministère d’Outre-mer,
• Fabrication de citernes pour la captation des éventuelles eaux de pluies,
• Création d’un poste sanitaire (dispensaire) avec accès aux consultations
médicales et aux soins gratuits,
• Création d’une école primaire à Pedra de Lume,
• Création d’une épicerie sans profit pour la Compagnie des Salins,
• Logement des ouvriers, de l’enseignant, du douanier… aux frais de la
Compagnie,
• Création d’ateliers de réparation (menuiserie, mécanique),
• Ouverture d’une salle des fêtes et de loisirs et organisation des fêtes
(Carnaval, fêtes de fin d’année, Notre-Dame-de-Pitié Sainte Patronne de Pedra de
Lume…),
• Rénovation des habitations des ouvriers,
• Restauration et entretient de l’église, nettoyage du cimetière,
• Implantation d’une monnaie locale (nommée « Jetons ») pendant la 2de Guerre Mondiale pour faire face aux difficultés rencontrées,
• Transfert de nourriture en 1940 à bord du voilier Ildut, période de grande
famine, voyage au cours duquel il se déplace personnellement pour assurer le ravitaillement de la population,
• Construction d’un hangar (Trincheira) pour la mise en abri des sacs de sel en
attente de livraison,
• Intégration d’un poste de douane à Pedra de Lume.
Désiré Bonnaffoux eut 3 enfants d’une première union. Il se marie à Maria Rocha Fernandes (1912-1988). De cette union naquirent 9 enfants, dont 2 décédèrent bébés de maladies infantiles. Il élèvera également le fils aîné de son épouse. Son fils aîné, Hector Bonnaffoux, reprendra la Direction des Salins du Cap-Vert après lui et jusqu’en décembre 1988; la compagnie sera vendue et quittera l’île définitivement le 1er janvier 1999.
Maria Rocha Fernandes
Maria Rocha Fernandes, l’épouse de Désiré Bonnaffoux, est née au village de Pedra de Lume (Île de Sal, Cap-Vert) en 1912 et y a vécu jusqu’à l’âge de 51 ans. Elle s’y est mariée, y a eu et élevé ses enfants, y a aidé à mettre au monde plus de cent enfants sans autre désir que celui d’aider les gens de l’humble milieu dont elle venait et qu’elle n’a jamais renié. Elle fut pour son mari au-delà de la compagne fidèle, aimante et dévouée, de la mère affectueuse et patiente, un soutien précieux et irremplaçable de tous les instants dans la discrétion, la compréhension et la fusion totale. Ils étaient complémentaires et regardaient dans la même direction ayant la même aspiration de rendre autrui heureux.
Témoignages à propos de Désiré Bonnaffoux
"Si Désiré était là, il ne me laisserait pas mourir"
Un employé des Salins du Cap-Vert tomba gravement malade. C’était un ami de toujours et un employé dévoué, que Désiré estimait et appréciait. Désiré était en Europe. La famille du malade l’envoya à Praia pour se faire soigner dans l’espoir de le sauver, car à l’île de Sal n’y avait pas d’hôpital ni les conditions nécessaires pour le soigner. Malheureusement, son état s’empira. Sentant qu’il allait mourir, dans ses derniers moments il dit : « Si Désiré était là, il ne me laisserait pas mourir ! » Hélas, Désiré n’aurait pas pu le sauver, mais cette affirmation témoigne de la confiance illimitée que la population de Pedra de Lume déposait en Désiré Bonnaffoux, qui faisait toujours tout pour protéger les employés et les travailleurs des Salins et leurs familles et résoudre leurs problèmes, leurs soucis.
"Désiré et sa femme ont payé un ouvrier pour finir les travaux"
Une ancienne employée de maison, devenue une amie de la famille Bonnaffoux, raconte que sa famille était modeste et son père n’arrivait pas à terminer, faute de moyens, la maison qu’il avait commencé à bâtir. Dans un grand geste de bonté, Désiré et sa femme Maria ont payé un ouvrier pour terminer les travaux de toiture qui n’avançaient pas. Elle dit qu’elle leur en est reconnaissante, car cela lui permit d’hériter de la maison de ses parents devenue un toit pour sa propre vieillesse.
"Ils étaient surpris et heureux en entendant quelqu’un parler leur langue."
Un jour, à Paris, deux capverdiens sont entrés dans un bus. Ils se sont adressés au conducteur pour obtenir un renseignement. Ne parlant pas le français, ils avaient du mal à se faire comprendre. Entre eux, ils discutaient pour trouver une solution, car ils étaient très pressés. Désiré était dans ce bus et, entendant parler le créole du Cap-Vert, il se redressa, se leva et alla voir s’il pouvait leur être utile. Désiré leur dit en créole « Oh gente de nôs terra, bucês ta pirdide na terra de gente ! » (Oh gens de notre pays, vous êtes perdus en pays étranger !). Ils étaient surpris et heureux en entendant quelqu’un parler leur langue. Ils expliquèrent à Désiré qu’ils devaient se rendre à la Gare du Nord pour prendre un train pour la Hollande. Ils avaient perdu beaucoup de temps à chercher et risquaient de rater leur train. Désiré leur écrivit sur un papier quel bus prendre et à quel arrêt descendre, en leur conseillant de se dépêcher pour ne pas rater le train. Ils demandèrent à Désiré son nom pour pouvoir le remercier. Il a juste eu le temps de leur dire « Il n’y a pas à remercier et vous n’avez pas le temps. Je vous souhaite bonne chance ! » Ils quittèrent le bus en courant, heureux d’avoir croisé un compatriote et d’avoir résolu leur problème.
"Récit trouvé sur internet"
« Une petite histoire qu’un capverdien m’a racontée voilà quelque temps. Les candidats à l’émigration pour la France, dans les années soixante, prenaient de petites leçons de français chez monsieur Désiré Bonnaffoux, qui était le patron des salines de Pedra de Lume. Ce monsieur d’origine française était très cultivé et surtout d’une incroyable bonté, puisqu’il donnait ces leçons gratuitement, simplement pour rendre l’arrivée de ces capverdiens en France moins compliquée. Nous sommes vers 1964 et la France est passée au nouveau franc, ce que fit Monsieur Bonnaffoux. Notre ami capverdien arriva à la Gare de l’Est à Paris et demanda un billet de train pour Thionville. Malheureusement pour lui, le cheminot pas très futé s’est exprimé en ancien franc. Il se rappellera longtemps de son billet de chemin de fer. Le type lui dit : « 2500 francs », ce qui représentait à l’époque 13 à 14 mois de salaire. Effrayé par le prix du billet, notre candidat à l’émigration est parti en Lorraine à pied, soit 350 km qu’il boucla en 30 jours. Il avait faim, il avait froid, il chapardait de temps à autre des fruits ou des légumes dans les jardins. Il fut récupéré en Moselle par la communauté capverdienne, complètement affamé, affaibli… Ici, tout le monde se marre lorsque l’on parle de l’épreuve de Paris-Strasbourg à pied, car tout le monde pense à notre ami qui fit preuve de débrouillardise. »